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Le transport collectif ne peut pas attendre que la politique rattrape son retard


Published avril 9, 2025.

Alors que les Canadiens se préparent à se rendre aux urnes, on nous demande de choisir le type de pays que nous voulons bâtir. Pour plusieurs, cette vision inclut l’accès à de bons emplois, à des logements abordables, et à la liberté de se déplacer facilement dans nos villes. Un seul investissement touche à tous ces objectifs : le transport collectif.

Un financement stable et prévisible, comme celui prévu par le Fonds pour le transport en commun du Canada (FTCC), est essentiel pour l’avenir économique, environnemental et social du pays. Dès 2026, ce programme fournira 3 milliards de dollars par an pour les infrastructures de transport collectif. Il ne s’agit pas d’une simple ligne budgétaire — c’est un pilier fondamental pour les collectivités d’un océan à l’autre.

Dans le tourbillon des promesses électorales, il ne faut pas reléguer le transport collectif au second plan. C’est à la fois un moteur économique, une stratégie climatique et un levier pour le logement. Il fait face à des pressions bien réelles qui nécessitent plus que des discours.

Prenons la congestion des routes par exemple : dans la région du Grand Toronto seulement, cela coûte environ 44,7 milliards de dollars par an à notre économie, selon le Toronto Region Board of Trade. Cela représente des pertes de productivité, des retards dans la livraison de marchandises, et des familles privées de temps ensemble.
Le transport collectif est l’une des rares solutions à grande échelle pour lutter contre la congestion. En réduisant le nombre de voitures sur les routes, il favorise la croissance économique.

C’est aussi un élément clé pour résoudre la crise du logement au Canada. Les communautés denses, axées sur le transport collectif, représentent une voie vers un mode de vie plus abordable. Lorsqu’on construit des logements à proximité d’un réseau de transport fiable, les gens ont un meilleur accès aux emplois, aux écoles et aux services — sans devoir posséder plusieurs véhicules ni avoir à faire de longs déplacements. Appuyer le transport collectif, ce n’est pas seulement une bonne politique : c’est une bonne planification.

Sur le plan climatique, le transport collectif est l’un des moyens les plus pratiques et rapides pour réduire les émissions. Il n’est pas nécessaire d’introduire de nouvelles taxes ni d’attendre des technologies du futur. Il suffit de rendre plus facile et attrayant le concept de laisser la voiture à la maison — en investissant dans un service fréquent et fiable — pour obtenir des progrès concrets dès aujourd’hui.

Mais pour récolter ces bénéfices, il faut du financement constant et prévisible, ainsi qu’une réelle volonté politique. Le FTCC a été conçu pour offrir cette stabilité. Il est le fruit d’une collaboration entre les gouvernements et les agences de transport à travers le pays. Ce qu’il faut maintenant, c’est un engagement renouvelé envers son succès.

Malheureusement, des défis dans l’écosystème plus large du transport collectif menacent d’en ralentir les progrès. Les tarifs douaniers et les obstacles commerciaux sur le marché nord-américain risquent de perturber l’approvisionnement en autobus et en véhicules de transport, entraînant retards et hausses de coûts. Les agences de transport peinent déjà à se procurer les véhicules nécessaires pour desservir des communautés en pleine croissance. C’est un rappel que même la meilleure politique ne suffit pas sans une chaîne d’approvisionnement fiable.
La solution n’est donc pas de freiner les investissements — c’est de les accélérer. Le leadership fédéral doit aller au-delà du financement : il doit inclure une coordination intelligente avec l’industrie, les provinces et les municipalités. Il faut appuyer la fabrication canadienne et résoudre les goulets d’étranglement en matière d’approvisionnement.

Et il faut voir plus grand. Les projets d’infrastructure de transport collectif à grande échelle, conçus au Canada, représentent un modèle éprouvé de relance économique. Ils soutiennent les emplois et l’industrie aujourd’hui, tout en bâtissant une société plus connectée et productive pour les décennies à venir. En cette période d’incertitude commerciale mondiale, investir dans nos communautés, notre main-d’œuvre et nos réseaux de mobilité n’est pas seulement sensé — c’est un projet de société. Ces projets ne se contentent pas de faire avancer les gens : ils font avancer le pays.
Le FTCC représente une occasion rare : un programme bien conçu, capable de répondre à plusieurs des défis les plus pressants du Canada. Les études démontrent que chaque dollar investi en transport collectif génère jusqu’à 4 dollars d’activité économique. Ces investissements créent des emplois dans la construction, l’exploitation, la fabrication de véhicules, et plus encore.

Cette élection est un moment charnière. Allons-nous avancer avec un plan à long terme, ou retomber dans une vision à court terme qui compromet la productivité et la qualité de vie au Canada ?
Le transport collectif est prêt à livrer la marchandise. Avec un bon appui, il peut contribuer à résoudre les enjeux qui comptent le plus pour les Canadiens : l’abordabilité, la mobilité, et la croissance économique.
Assurons-nous que cette campagne — et le gouvernement qui sera élu — accorde au transport collectif la priorité qu’il mérite.

Marco D’Angelo,
Président-directeur général
Association canadienne du transport urbain (ACTU)