Nouvelles

Naviguer vers l’avenir du transport collectif pour les petits systèmes : Entretien avec Wade Coombs


Published août 15, 2024.

Nous avons rencontré Wade Coombs, directeur du Transit pour le comté de Strathcona et président du Comité des petits systèmes de l’ACTU (Association canadienne du transport urbain), pour discuter des défis uniques auxquels sont confrontés les systèmes de transport collectif de petite et moyenne taille. Notre discussion aborde les obstacles financiers, l’impact du Fonds canadien pour le transport collectif (FCTC), les tendances émergentes dans le transport collectif et l’importance de la collaboration entre les parties prenantes. Avec un engagement fort à améliorer le transport public, Wade met en lumière la nécessité de politiques de transport urbain globales et l’avenir du transport collectif au Canada.

Q : Pouvez-vous nous parler de votre rôle en tant que président du Comité des petits systèmes ?

Le comité a été formé il y a un peu plus d’un an pour fournir des solutions aux besoins uniques des petits et moyens systèmes, qu’ils soient législatifs ou autres. Il offre des opportunités de partage des connaissances, de réseautage et de distribution de ressources créées par l’ACTU ou par des membres individuels. Nous voulons donner une voix aux systèmes de petite et moyenne taille et avoir un impact positif et significatif.

La forte participation en personne à notre réunion de comité lors du Sommet de printemps 2024 de l’ACTU à Halifax m’a montré qu’il y a une forte demande de la part de nos membres pour ce comité, ce que j’ai trouvé très encourageant pour notre travail à venir.

Q : Quels sont, selon vous, les plus grands défis financiers auxquels sont confrontés les systèmes de transport collectif de petite et moyenne taille, qui diffèrent des grands systèmes de transport ?

La vérité est que les services de transport collectif sont coûteux, qu’ils soient offerts dans un grand centre urbain, une banlieue ou une zone rurale. Pour les petits systèmes, il est sans doute plus difficile de récupérer les coûts grâce aux revenus des billets, ce qui peut souvent conduire à des opérations plus tendues.

Je crois que l’industrie du transport collectif se trouve à un moment crucial en ce moment, surtout en raison des exigences de transition vers des émissions zéro alors que le marché des fabricants de bus continue de se rétrécir. Cela peut créer une pression immense sur les finances et les ressources techniques des systèmes, et la question doit être posée : comment pouvons-nous financer cette transition ?

Les besoins en personnel sont également soulevés par cette transition, avec de nouvelles compétences et une formation nécessaires pour entretenir et exploiter ces nouvelles technologies. Dans un marché du travail tendu, cette demande croissante de travailleurs qualifiés et spécialisés met encore plus de pression sur les systèmes en transition de leur flotte, qu’ils soient grands ou petits. Je noterai toutefois que la valeur des grands systèmes pour sensibiliser à ces problèmes, souvent des préoccupations partagées par leurs homologues plus petits, est extrêmement importante. Ils, aux côtés de groupes comme l’ACTU, ont les ressources et la capacité d’attirer l’attention sur les problèmes auxquels l’industrie est confrontée et d’aider à initier des conversations avec les parties prenantes clés comme les gouvernements qui peuvent légiférer des solutions à l’échelle de l’industrie.

Q : Comment envisagez-vous l’impact du Fonds canadien pour le transport collectif (FCTC) sur les systèmes de petite et moyenne taille spécifiquement ?

Ce programme peut être une bouée de sauvetage pour tous les systèmes de transport collectif, quelle que soit leur taille. La nature fiable et prévisible de ce financement aidera les systèmes à planifier à long terme, ce qui sera essentiel pour de nombreuses petites communautés qui connaissent une croissance rapide et, par conséquent, une plus grande demande de services de transport collectif.

Alors qu’un système comme le Service de transport d’Edmonton, qui doit généralement remplacer de 20 à 100 bus dans sa flotte chaque année, pourrait utiliser une partie de son financement du FCTC pour ces coûts, les petits systèmes ayant moins de 100 bus dans leur flotte entière peuvent faire de même, mais à une échelle plus réduite. Ces systèmes peuvent également utiliser ce financement pour mettre en œuvre ou améliorer différents services que nombre de leurs homologues plus grands ont déjà depuis un certain temps, comme des améliorations en matière d’accessibilité qui fourniront des services de transport collectif de meilleure qualité pour les groupes sous-desservis.

Les gouvernements reconnaissent les réalités et les défis liés au rythme des transitions vers des émissions zéro. Une autre utilisation utile de ce financement pourrait être de faire progresser les efforts de transition vers des bus à émissions zéro pour respecter certains des délais imposés par le gouvernement sur une période de 5 à 10 ans. Les coûts associés à ces dépenses sont généralement assez élevés et peuvent être comparativement ou prohibitif pour les petits systèmes avec des taux de récupération des recettes des billets et des ressources de financement municipal plus faibles. Ce financement dédié peut être crucial pour ces poursuites importantes et mandatées.

D’autres composants importants du programme FCTC incluent le fait qu’il n’y a aucune exigence, à notre connaissance, de soutien provincial pour accéder au financement pour les volets de demande de base et directe. Cela diffère de son prédécesseur ICIP et présente un terrain de jeu comparativement plus égal pour les systèmes de toutes tailles à travers le pays en termes d’accès et de sécurisation de ces dollars fédéraux.

Q : Le programme FCTC doit être mis en ligne en 2026. D’ici là, les lacunes en matière de financement des infrastructures pour les systèmes de transport collectif restent un problème important. Quelles stratégies peuvent être employées pour combler ces lacunes ?

Des coûts significatifs restent associés aux transitions de flotte, et plus de soutien des gouvernements provinciaux est nécessaire pour faciliter ces transitions au-delà du simple remboursement des dépenses. De nombreuses provinces, en particulier les plus petites, doivent reconnaître leur rôle dans la résolution des doubles défis des transitions énergétiques et des déficits budgétaires causés par les dépenses associées.

Des solutions à court terme pour combler les lacunes de financement existent, et certaines municipalités sont obligées d’utiliser leurs réserves municipales pour financer ces déficits. Les augmentations tarifaires sont également une option, mais ce n’est pas une solution qui peut ou doit être systématiquement utilisée, surtout dans ce climat post-COVID où de nombreuses personnes et communautés sont confrontées à des problèmes d’abordabilité.

Le grand défi pour la plupart des systèmes confrontés à des lacunes de financement (ce qui représente un nombre important d’agences) est la nécessité de gérer leurs coûts tout en s’assurant que leurs actions n’ont pas d’impact sur les populations les plus vulnérables. Il existe de nombreuses études de cas qui démontrent comment les programmes de transport collectif subventionnés de manière permanente, qu’ils soient totalement ou partiellement subventionnés, créent des résultats sociaux et économiques extrêmement positifs.

Q : Quelles tendances émergentes voyez-vous pour les systèmes de petite et moyenne taille ?

L’environnement de travail hybride ou à domicile a encouragé la migration vers des communautés plus petites où le coût du logement et le coût de la vie général sont plus abordables que dans les grandes villes.

Cette croissance rapide a amené bon nombre de ces communautés de petite et moyenne taille à subir des changements significatifs. À travers l’Île-du-Prince-Édouard, toute la province change rapidement et même le coût du logement y a considérablement augmenté au cours des dernières années, tout comme dans de nombreuses autres petites provinces et municipalités. Cela crée une demande accrue pour un transport collectif abordable dans ces communautés plus petites mais en croissance rapide.

Q : Comment envisagez-vous le rôle des systèmes de transport collectif de petite et moyenne taille dans le contexte plus large de la défense d’une politique nationale de transport collectif et du développement des infrastructures ?

En raison de la croissance rapide des communautés et de l’augmentation du coût de la vie, en particulier dans les zones qui étaient autrefois relativement abordables, le rôle du transport collectif pour améliorer l’abordabilité est essentiel. Nos petits systèmes de transport collectif peuvent fournir des informations clés. À l’avenir, nos efforts de plaidoyer mettront l’accent sur la manière dont le transport collectif peut contribuer à des économies de coûts pour les utilisateurs et influencer l’offre et les coûts du logement. Identifier et formuler ces messages de manière efficace sera essentiel.

Q : Pourriez-vous nous parler du rôle que peuvent jouer les partenariats avec les gouvernements locaux, les entreprises et les organisations communautaires dans le succès des systèmes de transport collectif de petite et moyenne taille ?

Je considère la relation entre ces groupes comme interconnectée. Les gouvernements locaux qui fournissent des services publics offrent déjà une opportunité aux entreprises de collaborer pour répondre à des besoins communs.

Pensez à un grand fabricant ou à un entrepôt dans un complexe industriel qui emploie beaucoup de travailleurs nécessitant leur présence physique. Il est dans l’intérêt de ces entreprises de s’assurer que leurs employés peuvent se rendre sur leur lieu de travail et en revenir et peuvent s’associer à un gouvernement local pour fournir ces services de transport. De nombreuses entreprises le font déjà d’une manière ou d’une autre, que ce soit par le biais d’accords avec les agences de transport collectif et leurs gouvernements municipaux pour offrir des passes de transport ou en fournissant des services spécialisés dédiés à ces zones comme les parcs industriels à certaines heures.

Les groupes communautaires jouent également un rôle important car ils comprennent les problèmes locaux à un niveau de base et sont souvent à l’écoute des besoins et des pressions auxquels une communauté et ses résidents sont confrontés. Ainsi, solliciter leur avis est primordial pour les gouvernements locaux et les agences de transport collectif qui travaillent à fournir et à répondre à ces besoins lorsqu’ils le peuvent, comme les défis d’abordabilité ou les préoccupations en matière de sécurité publique.

J’ai toujours cru qu’il s’agissait d’un effort d’équipe. À mon avis, une collaboration large et étendue produira systématiquement les meilleurs résultats.